Au centre de ce projet, une des grandes réalisations éditoriales du XVIIIe siècle: l’impression de la première édition posthume des Œuvres complètes de Voltaire à Kehl, incluant pour la première fois sa correspondance générale.
À cette édition de Kehl, un nom reste attaché, celui de son maître d’œuvre: Beaumarchais, qui la finança et l’anima. Au moins cinq versions distinctes, en 70 ou 92 volumes, furent publiées entre 1784 et 1789, d’innombrables prospectus d’annonce et de relance diffusés à travers l’Europe entière. Achat de fabriques de papier; location du fort de Kehl pour échapper à la censure en vigueur en France; installation de dizaines de presses sur le site; acquisition des matrices du fameux Baskerville et fonte spéciale de centaines de tonnes de caractères; impression de millions de feuilles, reliure et diffusion de dizaines de milliers de volumes, livrés à mesure aux souscripteurs et au public: tâche énorme, jugée trop lourde par Panckoucke, le plus grand éditeur de l’époque, et que reprit donc l’infatigable Beaumarchais, en déléguant la direction éditoriale à Condorcet, secondé par Decroix, par Ruault et par toute une équipe de copistes et de rédacteurs, d’administrateurs et de gérants.
Peu de réalisations franco-allemandes ont connu, dans l’Europe entière, un tel retentissement: ce sujet de l’édition de Kehl, aventure extraordinaire, sera bientôt proposé à Arte-TV.
De cette vaste opération, il nous reste des archives considérables – lettres, notes, copies, manuscrits annotés ou cotés, listes, rapports, comptes, factures – dispersées aujourd’hui entre de nombreuses bibliothèques, notamment la Bibliothèque nationale de France, la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, l’Institut et musée Voltaire à Genève et la Bibliothèque royale de Bruxelles.
Ce projet se veut radicalement neuf. Il vise la numérisation de l’ensemble des fonds et la rédaction d’un catalogue raisonné de la totalité des manuscrits conservés, qui s’affichera sur un portail internet ouvert à tous. Ce partenariat entre bibliothécaires et chercheurs suivra le modèle qui s’impose progressivement dans les esprits, tendant à présenter aux lecteurs le meilleur des deux mondes: la fiche de conservation et le commentaire du spécialiste, décrivant et éclairant chacune des pièces disponibles.
Le développement logique du projet sera la numérisation de tous les manuscrits de Voltaire, qu’envisagent d’ores et déjà la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
Le fonds Voltaire recherche pour ce projet deux formes de mécénat. Il faut d’une part financer la mise en place du portail, opération qui s’étalera sur cinq ans, et d’autre part, aider les bibliothèques participantes à numériser les archives afférentes, dans la mesure où cette numérisation ne peut pas être entièrement couverte par leur propres budgets. Action européenne et nationale mais aussi régionale et locale, puisque bon nombre des bibliothèques municipales de France détiennent des manuscrits pertinents.
Budget pour la mise en place du portail, en collaboration avec les institutions concernées : 25 000 €.
Budget pour la numérisation des fonds de Kehl : 150 000 €.
Projet piloté par la Société Voltaire, avec la collaboration du Centre international d’étude du XVIIIe siècle et de Voltaire à Ferney.